Analyse architecturale à la lumière de l’adjonction-extension mathématique
Essai co-écrit avec F. Nicolas à propos de la transformation de la mosquée de Cordoue en cathédrale.
Publication à compte d’auteur, 2015
La grande mosquée de Cordoue, édifiée par les émirs et califes omeyyades entre les VIIIème et Xème siècles, fut en son temps le plus grand lieu de prière du monde musulman méditerranéen. Dans les débats en matière d’intervention sur les bâtiments existants, et plus spécifiquement ici sur leur changement d’usage, l’implantation par les chrétiens en 1523 d’une cathédrale au sein de cette mosquée suscite une polémique qui se synthétise sous la forme de deux positions opposées : certains y voient un crime, d’autres un embellissement.
Pourtant, ces deux visions opposées ne satisfont pas réellement une visite attentive de l’édifice tel qu’il nous est donné à voir en ce début de XXIème siècle. En effet, il suffit de quelques pas au milieu des colonnes de l’ancienne mosquée et de buter sur les murs de la construction de 1523 pour se convaincre qu’on est bien face à une rupture très forte qui affirme violemment l’occupation chrétienne de l’édifice. Et un examen de la façon dont la cathédrale prend place au chœur de la mosquée met en lumière toute une série d’attentions qui révèlent qu’il s’agit, certes, d’une violence faite à l’édifice musulman, mais d’une violence intelligente qui laisse subsister l’essence et l’originalité du lieu de prière musulman.
L’enjeu de cet essai est de sortir de ce dilemme traditionalisme-modernisme, de cette alternative entre une continuité indéfinie et une rupture permanente, de cette opposition de deux contraires par la mise en jeu d’une troisième orientation possible que l’on nommera « adjonction-extension », en référence au modèle mathématique éponyme, et qui oriente autrement l’évaluation des transformations apportées par la cathédrale à la mosquée.